AdV - 1919 - 1945

Tout au début

A l’origine, la place occupée par le quartier AUBERT de VINCELLES faisait partie d’une importante surface civile, située en lisière Sud du grand terrain d’exercice donc contiguë à ce qui était appelé le Polygone d’artillerie.
En 1860, est éditée une carte d’état-major couvrant toute la zone. Aucune structure de type militaire n’est identifiée. Ce n’est que vers la fin du XIXe siècle que les travées du stand de tir Klebsau (du nom de la bourgade voisine), au Sud-Est du Polygone, apparaissent.
 
Ces travées sont à mettre au crédit des militaires allemands du XVe Corps d'Armée, qui occupent la garnison depuis 1870. Ce furent eux aussi qui firent construire la caserne à partir de 1913, au profit du « Flieger Bataillon Nr.4  - 1ère compagnie. » Ils récupérèrent ainsi le poste de garde et les petites constructions attenantes qui contrôlaient l’accès au Polygone avant 1870, situés au Nord sur l’emplacement actuel du Centre de Formation Professionnelle pour Adultes au début de la rue du Corps de Garde et les réhabilitèrent en fonction de leur besoin. Ils ajoutèrent aussi quelques bâtisses à l’Est.
Puis, avec la construction du Parsival Halle pour abriter les Zeppelins, l’Allemagne affecte, au tournant du XXe siècle, une petite équipe d’officiers au Polygone. Mais les premiers monoplans font leur apparition et les services du Bauamt de la garnison élaborent un projet de caserne au cours du premier semestre 1913. Un plan est validé en juillet de la même année et les travaux sont vraisemblablement entamés dès la fin de l’été.
Pour l’aviation du Kaiser, tactiquement parlant, le choix du site est bon, car il s’agit d’un avant-poste devant les Vosges et la France.
Le fameux bâtiment 022, connu de tous, est dessiné à l’entrée des travées de tir du stand Klebsau, au Nord. Il est destiné à recevoir les hommes de troupe allemands. Face à lui, quelques petites constructions sommaires pour l’outillage des surfaces à entretenir, le bois et le charbon, les réserves de carburant, les déchets divers et les installations aéronautiques (bancs d’essai, ateliers, entrepôts, etc.) seront érigées. En liaison avec la fonction de champ de tir, un petit bâtiment longitudinal, qui était situé derrière le bâtiment dit du "Basic" (bât. 051), deviendra la ciblerie. Il a disparu du paysage à la fin des années 1990.
 
Enfin, il y avait les hangars à avions et autres ateliers, garages et mess des officiers qui étaient construits les uns derrière les autres au Sud-Est, en arc de cercle et en bordure Sud et Est de l’actuel Polygone jusqu’au dernier hangar qui constituait le maillon ultime de la construction militaire de la zone (qu’on pourrait situer approximativement de nos jours au Sud du club de parachutisme). Toutes ces constructions étaient déjà précisées sur une cartographie allemande de 1912.
 

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Après le traité de Versailles


A la signature du traité, le 28 juin 1919, cette "caserne du Polygone" est réoccupée par l’armée française et baptisée GUYNEMER (en l’honneur de cette figure légendaire de l’aviation française abattu en Belgique en 1917).
 
Quelques mois plus tard, le 28 octobre 1919 précisément, quelque 200 avions de chasse, à l’effigie des "cigognes" vont poser leurs ailes fatiguées sur le Polygone après quatre années de furieuses envolées.
Ces avions vont former, dès le début des années 1920, les huit escadrilles (1 à 3, 5 à 7, 9 et 10) du 2ème Régiment d'Aviation de Chasse (2° RAC).

Et, c'est à partir de cet instant, que le destin de ce bâtiment 022 fut étroitement lié aux activités se déroulant sur le Polygone voisin.

Mais ce gros régiment, trop à l’étroit dans la seule caserne GUYNEMER, installera quelques sections dans une autre caserne à proximité : LIZE (partie Nord, donc LYAUTEY de nos jours) qui prendra l’appellation de Parc d’Aviation n°2.
Et le Polygone proche sera naturellement utilisé comme terrain d'aviation.
Ce Parc d’Aviation n°2 sera essentiellement dédié à l’aspect vie des personnels, à la formation de base et à l’instruction des élèves-mitrailleurs et mécaniciens. Les structures de commandement, les escadrilles, les autres bureaux et les services principaux seront, quant à eux, installés à la caserne GUYNEMER ainsi que, partiellement, dans le bâtiment Garros. Cet imposant dernier bâtiment, repoussé presque à l’extrémité Nord-Est des installations, très reconnaissable avec sa petite plate-forme carrée à hauteur de la cheminée centrale, fut conçu à son origine pour être le mess des officiers allemands du « Flieger Bataillon Nr.4 . » Mais, avec l’arrivée du 2° RAC, ce mess s’appellera la « Maison Rouge » (en raison de la couleur de ses briques) ou le « pavillon Garros ».
Enfin, les hangars d’aviation de l’époque allemande seront complétés par de nouvelles installations du régiment aux lisières Sud et Est du terrain.

Tous les hangars d’aviation ayant abrité les aéronefs des 8 escadrilles de chasse ainsi que le pavillon Garros lui-même n’existent plus de nos jours.
 
Donc en cette fin d’année 1919, les pilotes des escadrilles s’installent au bâtiment A ou 11 (appellation qui demeurera jusque dans les années 1980 pour devenir ensuite le bâtiment 022), ce gros bâtiment principal construit en briques rouges.
 
Ce régiment a en effet davantage écrit l’histoire sur son terrain d’aviation que dans la caserne GUYNEMER.
A la dissolution du 2° RAC en septembre 1933, se succèderont jusqu’en 1939, le Centre Aérien Régional de Strasbourg, le Groupe Aérien Régional et le Groupe Aérien d’Observation n°553. L’armée de l’air occupera de ce fait la caserne GUYNEMER jusqu’en 1939.
Madame Yvette Luczò, adolescente pendant ces années et habitant route du Polygone où son père tenait un café-bar évoque cette époque : « à la caserne GUYNEMER nous y allions jouer après le départ des aviateurs. Il y avait ces travées de tir et avec toute l’insouciance de notre jeunesse nous jouions à cache-cache dans les buttes de tir. »

Au cours de la période passée on devine les prémices de destin qui unissent les quartiers militaires en bordure du Polygone.
Il y a Guynemer et le grand quartier Lizé, qui sera plus tard coupé en deux pour former au Nord le quartier Lyautey (au-delà de la rue de Solignac).
Ces prémices vont se renforcer pour devenir une véritable nécessité. Actuellement il est difficilement concevable de séparer les quartiers Aubert de Vincelles et Lizé.
Le Polygone, quant à lui, a perdu de son aura.
 
Puis vint la Seconde Guerre Mondiale et la caserne constitua une cible privilégiée pour les Alliés, qui tentèrent de détruire l’école de formation des pilotes de Stuka qui s’y était installée.
Yvette Luczò dit aussi se rappeler cette nuit pendant la guerre lorsque le Pavillon Garros a été bombardé. « Une seule bombe dit-elle, aucun dégât collatéral et le lendemain le mess n’était plus qu’un champ de ruines. »

C'est ainsi que la caserne Guynemer fut vidée de ses occupants allemands bien avant la fin de la guerre. Pratiquement abandonnée, il faudra attendre la Légion pour remettre de la vie dans ces lieux.



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